Club des lecteurs du 6 décembre 2008 : de quoi a-t-on parlé ?

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Edith : Le Clézio, La quarantaine

Une lecture touchante, à l’occasion d’un voyage à l’île Maurice, qui est le cadre de cet épais roman : un bateau est mis en quarantaine stationne à l’île plate, près de Maurice. Défile l’histoire de ces lieux où étaient débarqués les coolies venus de l’Inde du Sud (sur cette bien tragique histoire, voir aussi les livres de Natacha Appanah). En tout cas un très beau roman, au rythme lent et descriptif, sans mièvrerie. De la part d’Edith merci à Sonya d’en avoir parlé il y a quelques temps.

 

Sonya, justement : Le Clézio, toujours, Etoile errante

Et cette fois merci à Marie-Paule d’en avoir parlé ! Ce roman propose deux parcours de vie, deux jeunes femmes des années d’après guerre. L’une, juive, après avoir dû se cacher dans un village de la France sous occupation, arrive en Israël, où sa route croise celle de l’autre, palestinienne, qui doit se rendre à un camp de réfugiés. Rencontre fugace, double parcours, un contexte historique dur mais laissant place à la lumière, et surtout l’intériorité de deux personnages auxquels on est relié.

 

S’ensuit une discussion autour des livres qu’on emmène avec soi en voyage. Certains partent vierges et innocents, se laissent découvrir le pays, et en lisent la littérature à leur retour. D’autres prennent avec eux des écrivains du lieu où ils se rendent, à l’instar d’Aline qui a visité la Bretagne en compagnie de Henri Queffelec, ce qui lui a permis de découvrir la parfaite adéquation entre l’œuvre et les lieux qu’elle explore. Il y a aussi, pour Dominique, la Hollande révélée par les maîtres flamands, ou encore la Toscane par les maîtres de la Renaissance pour Jean-Baptiste.

Et puis, les écrivains voyageurs. Ceux qui tiennent journal au jour le jour, et ceux qui, comme Nicolas Bouvier, écrivent des années après.

 

Tony : Helene Hanff, 84 Charring Cross Road

Certaines images d’une Angleterre familière… Il s’agit là d’une très belle correspondance entre l’auteure, écrivain new-yorkaise au caractère bien trempé, et son libraire londonien (Charring Cross Road étant une rue du centre de Londres célèbres pour ses librairies). Les lettres parlent de livres introuvables, et les années venant laissent place à des sentiments plus complexes. Pour Tony, à la fois une magique rencontre par-dessus l’Atlantique, et un retour de mémoire vers les années d’après-guerre.

Catherine propose un autre roman épistolaire bien connu, que d’autres ont également lu : Inconnu à cette adresse, de Kathrin Kressmann Taylor. De cette auteure découverte après sa mort, Adrienne recommande tout particulièrement Ainsi mentent les hommes.

 

Jean : Pierre Michon, La grande Beune

Eh bien, Dominique et moi on pensait que bien sûr ça n’arriverait jamais. Et voilà, Jean, en un matin de décembre, nous disant s’être ennuyé avec Pierre Michon. Il pleut, il pleut, la Beune coule, ça rappelle le Morvan d’avant-guerre… Mais Jean n’a pas été emporté, sombres images, et puis, « les galipettes dans la voiture avec Mado poussant de petits cris de souris », il a trouvé ça « pas folichon ».

Qu’à cela ne tienne, Adrienne a aimé les Vies minuscules.

 

Michel : Dominique Rousset, Un goût de miel

Un docu-fiction, par un journaliste, entremêlant les récits de voyages de migrants, dont les péripéties sont parfois tragiques – en tout cas il faut avoir « du feu dans les boyaux », comme dit Michel, pour partir vers l’Europe occidentale. Fascination de l’errance et respect. Par contre dans ce livre peu de choses sur l’intériorité des personnages.

On cite d’autres livres : Le bonheur d’Emmanuel Darley, Bleu blanc rouge d’Alain Mabanckou et L’impasse de Daniel Biyaoula.

 

Michel : Irvin Yalom, La malédiction du chat hongrois

Sous-titré contes de psychothérapie. De manière romancée mais pas aseptisée, un psy parle de ses propres affects, de ses contre-transferts et de sa pratique professionnelle. Reconnaissant volontiers sa « mauvaise foi », il insiste sur le thème de l’encombrement de l’autre : vies ruinées à force de ne pas s’écouter soi-même et d’endosser les vies des autres. Ainsi, comme dans un conte, le chat hongrois (celui du titre) s’empêche de vivre parce qu’il est obsédé par un désir de vengeance.

 

Patrick : les Beatles

Eh oui, les Beatles, la vie des Beatles, et livrées pour nous par Patrick quelques anecdotes. Vous saviez, vous, comme The fool on the hill fut composée à la suite d’une bien mystérieuse rencontre que les quatre larrons firent un soir qu’ils rentraient du pub ? Et comment John Lennon, après avoir forgé le titre de Eleonore Rigby à partir du prénom d’une comédienne et du nom d’un garagiste, découvre ce nom sur une tombe d’un cimetière qu’autrefois il traversait chaque jour pour aller à l’école ?

 

Ces mystères tirés de l’histoire des Beatles lancent une discussion, hasard ou pas de hasard, et ce qu’en dit Freud dans Psychopathologie de la vie quotidienne, et de savoir si « on ne choisit rien, les choses nous choisissent » ou bien l’inverse…

 

L’expression de jour : « manger de la soupe sur la tête de quelqu’un ».

 

Adrienne : Anne Fine, La route des ossements

Un roman paru dans une collection pour adolescents, à L’école des loisirs. Magnifique, dit Adrienne visiblement conquise par cette histoire d’un enfant russe à l’époque de Staline, confronté au mutisme généralisé dans sa famille, à la peur, aux disparitions… jusqu’à ce qu’il dise quelque chose qu’il n’aurait pas dû dire…

 

Adrienne : José Saramago, L’autre comme moi

Un roman sur le thème du double et de l’échange d’identité, qu’Amélie avait beaucoup aimé, mais qu’Adrienne n’aime pas trop, lui préférant La caverne.

 

Adrienne : Benoîte Groult, Mon évasion

Pour dire que, scandale, ce livre reprend texto 200 pages d’un livre que l’auteure avait déjà fait paraître, Histoire d’une évasion, et ceci sans rien en annoncer clairement. Autoplagiat ?

 

Dominique : Jean-Louis Fournier, On va où papa ?

Le récit d’un père dont les deux enfants sont gravement handicapés. On est gêné, aux premières pages, dit Dominique, de rire, parce que c’est amusant, mais rire d’un tel sujet… Et puis, ça fonctionne, ça fonctionne très bien même, tout pathos est évacué, le registre est celui de l’humour, et derrière cela une émotion très forte, bouleversante. Un livre plein d’humanité.

 

Aline : Eric-Emmanuel Schmitt, La rêveuse d’Ostende

Un écrivain se repose d’une maladie à Ostende, où il se lie d’un amour singulier à sa logeuse. Une belle histoire romantique, pleine d’élégance, mêlant la rêverie et un érotisme baroque.

 

On parle aussi de Patrick Süskind, Le parfum, que tout le monde s’accorde à encenser.

 

Amélie : Josepth Roth, La marche de Radetsky

Un célèbre roman des années 30, retraçant les dernières années de l’empire austro-hongrois, moribond quoique sauvegardant des apparences, à travers la chronique sur trois générations d’une famille noble et militaire.

 

Jean : Ian Pears, Le portrait

Ah, Jean aime bien Ian Pears. Et ce roman-là ne l’a pas déçu. Dans un Londres 19ème siècle, un jeune peintre est pris en charge par un célèbre critique, qui fait de lui un grand portraitiste bien établi. Mais, après une rencontre avec une peintre plus rebelle, ce peintre remet en cause le système au sein duquel il a réussi, et peu à peu entre lui et le critique l’amitié laisse place à d’autres sentiments plus amers…

 

Janine : Guy de Maupassant, Pierre et Jean

Sur la jalousie dans une famille – deux frères se déchirent autour d’un héritage. Une histoire émouvante qui reste très contemporaine.

Et on parle de Janine Boissard et de son art de nous emmener dans la vie d’une famille. Janine recommande Marie Tempête et Recherche grand-mère désespérément.

 

Dominique : Emmanuel Pagano, Les mains gamines

Des mains, mais aussi du sang, l’enfance traumatique, de la violence. Et une écriture ! Une écriture qu’on connaissait, déjà bouleversés par Le tiroir à cheveux puis Les adolescents troglodytes, et qui se confirme dans ce livre  Un vrai univers.

 

Dominique et Jean-Baptiste : Atiq Rahimi, Syngué Sabour

On espère en reparler la prochaine fois, parce qu’on n’a pas eu le temps et que vraiment c’est très beau et d’une subtilité rare. Pour résumer (Edith confirme) : « Il faut lire Syngué sabour », et toc. Et allez voir aussi du côté de Terre et cendres.

 

 

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