Club des lecteurs du 12 septembre 2009

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Pendant les travaux, la continuité du service public est assurée, le club de lecteurs tient la route ! Nos amis ont pu rendre et emprunter des livres pour satisfaire leur insatiable besoin de lecture.

Pour ce premier club de la saison, l’assemblée était plénière, et Aline nous a apporté un délicieux gâteau aux pruneaux fabrication-maison, que nous avons dévoré jusqu’à la dernière miette. Merci donc à Aline !

 

Pendant les vacances, certains ont beaucoup lu, rapportant des piles de livres, d’autres n’ont pas pris trop le temps de lire entre deux escales ou d’autres occupations lointaines…

 

Elisabeth a apporté toute une pile de livres (aucun ne venait de la bibliothèque !). Alors qu’ici nous jetons à tour de bras de vieux livres jaunis, poisseux et cornés, un peu dégoutants, le charme des vieux livres personnels, il y en a qui nous touchent, ceux qui ont vécu, ont été lus et relus, et qui gardent leur charme dans les bibliothèques personnelles, ceux qui sont couvés, choyés comme de vieilles photos de famille.

 

C’est le cas de Le coeur est un chasseur solitaire de Carson McCullers. Elisabeth l’a relu cet été. L’auteur, une américaine, y donne le regard d’une enfant sur la société du sud des Etats-Unis dans les années trente, le racisme, la musique… C’est un roman d’initiation, avec des personnages marquants, tel ce muet qui écoute ceux qui viennent lui confier leurs secrets. L’auteur, pas du genre très optimiste, fait mourir tous ses personnages…

 

Elisabeth a aussi aimé Mal de pierres de Milena Agus. Là c’est, dans la Sardaigne qui souffre de la première guerre mondiale, l’histoire d’une femme qui rêve de l’amour idéal, dans une société traditionaliste. Le contexte historique est important, les lieux, la mer, les sensations liées aux éléments comme le vent bien rendues par une belle écriture. Dominique y trouve une belle description de la solitude de la jeune femme, dans un environnement pesant. Edith a aussi aimé Mon voisin, une grosse nouvelle du même auteur.

 

Autre histoire de femme, Séraphine d’Alain Vircondelet. C’est la biographie de cette artiste-servante de Senlis, d’où son surnom, qui a été célébrée cette année par une exposition au Musée Maillol et par un film racontant son histoire. Domestique, elle peignait la nuit avec les moyens du bord, matériaux inventés ou volés. Célèbre dans les années 20, ce personnage surprenant a été révélé par le critique d’art et galeriste allemand Wilhelm Uhde. Pendant la guerre, elle sera internée en hôpital psychiatrique et y mourra de faim.

 

Elisabeth a lu aussi Pas facile de voler des chevaux du norvégien Per Petterson. Un peu déçue par le style un peu froid, elle préfère des phrases un peu plus élaborées. D’où une discussion sur le lien entre la supposées froideur de la littérature scandinave et la rudesse de sa littérature. On se souvient alors des lectures de Paasilinna, de Mankell, où l’environnement nordique est présent sans forcément influencer l’écriture.

 

Enfin, Elisabeth nous parle de John Irving, il a son fan club au club ! Cet été, ce fut L’épopée du buveur d’eau. Bien traduit, l’auteur fait beaucoup rire, très doué pour les dialogues, avec des personnages de loosers magnifiques. Là, c’en est un, combinard, maladroit, toutes ses aventures sont des fiascos. Edith se souvient des fous rires qu’elle a eus en en parlant avec ses collègues à la cantine, grâce à L’œuvre de Dieu (sur la naissance), La part du diable (sur l’avortement), Le monde selon Garp.

Patrick a eu trois lectures qui dans un sens ont un rapport entre elles : La planète des singes de Pierre Boulle, Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift, et L’astronomie populaire de Camille Flammarion. Pour La planète… il trouve que le livre est très différent du film. Deux cosmonautes vont sur Bételgeuse, et s’arrêtent sur une planète habitée de singes. La transposition entre hommes et singes est beaucoup plus accentuée que dans le film.

Les voyages de G. l’ont aussi intéressé, malgré une lecture décrite comme ardue par Tony  himself. Ce qui est surprenant, c’est que Swift a décrit la taille et l’emplacement de certains satellites à une époque où l’on n’avait pas beaucoup de connaissances scientifiques sur eux.

C’est aussi une critique de la société anglaise d’alors, sous une forme métaphorique.

 

Patrick n’a pas résisté à son attirance pour le cosmos, en lisant L’astronomie populaire de Camille Flammarion, paru en 1879. Dans la lignée des grands savants des 17e et 18e siècles (Copernic, Galilée, Kepler et Newton), Flammarion a voulu vulgariser la science astronomique. Toujours d’actualité, cet ouvrage décrit toutes les planètes, et on y apprend que Flammarion était persuadé qu’elles étaient toutes habitées !

 

Deux livres pour « la jeunesse »

 

L’irruption inattendue d’une petite fille de 7 ans nommée Alice dans le club de lecteurs a permis de parler de livres pour enfants. Ainsi nous avons évoqué A poils… ou à plumes de Stéphane Frattini. C’est un livre avec des volets à soulever. Sur le dessus, une image en très gros plan d’un pelage ou d’une peau d’animal, dessous : la photo de l’animal entier avec un petit texte informatif. C’est drôle et ça plaît beaucoup aux enfants, à cause des « devinettes », et aux parents qui les leur lisent…et qui y apprennent des choses ! A noter qu’il existe toute une collection du même auteur dans le même esprit.

 

Du coup Tony nous parle de C’est sûr qu’il viendra ? d’Emile Jadoul, illustré par Catherine Pineur. C’est l’histoire d’un petit cochon, Achille, qui attend le père Noël, et qui se dit qu’il doit faire ci et ça pour qu’il vienne. Par exemple : « si je retrouve mon doudou avant que Maman vienne me dire bonne nuit, il viendra » ou « si j’arrive à compter jusqu’à dix sans respirer, il viendra », etc… C’est la « pensée magique » propre aux enfants. Dominique nous rappelle qu’elle est aussi l’apanage des adultes, comme dans L’année de la pensée magique de Joan Didion.

 

 

Dans un genre différent, Jean a lu L’école du passé de Danielle Steel. Un roman historico-sentimental, une histoire difficile de guerre et d’amour entre une jeune femme issue d’une riche famille de banquiers juifs allemands et un aristocrate français blessé de guerre. Ça lui a plu, à Jean, et ça donnera peut-être envie de lire un de ses livres aux détracteurs de D. Steel ?

 

Quelques classiques

 

Adrienne a relu Le père Goriot de Balzac. Elle l’avait lu il y a bien longtemps, et elle se souvenait surtout de l’adoration d’un père possessif pour ses filles ingrates. Là, le livre lui est paru obsolète sur le plan du langage, historiquement dépassé, difficile à comprendre aujourd’hui. Alors Elisabeth et d’autres ont protesté en disant qu’un chef d’œuvre comme celui-là transcende le temps et qu’ « on ne perd pas son temps à lire Balzac ».

 

Jean a aussi essayé À la recherche du temps perdu, la fameuse somme de Marcel Proust, plus précisément le premier des huit volumes de la série : Du côté de chez Swann. Mais Jean affirme sans détours l’avoir survolé, car les longues descriptions de soirées mondaines l’agacent, alors il a osé sauter des pages !

 

Jean-Baptiste a lu Bouvard et Pécuchet de Flaubert. Publié en 1881, et resté inachevé, ce roman concrétisait un vieux projet, déjà partiellement réalisé dans le" Dictionnaire des idées reçues" : une "espèce d'encyclopédie critique genre farce", évoquant tout à la fois les théories philosophiques, scientifiques, littéraires et techniques, à travers le prisme de deux esprits naïfs et médiocres, ceux de deux gratte-papier retirés à la campagne. (J’avoue avoir recopié ici le résumé du livre fait par l’éditeur).

 

Béatrice a relu Jane Eyre de Charlotte Brontë… (rappelons juste que c’est un grand classique très romantique, l’histoire d’amour impossible d’une jeune orpheline, gouvernante au château de Thornfield, amoureuse du père de ses élèves et contrariée par le destin)

 

Des romans du moment

 

…et aussi une géniale nouveauté : Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates de Mary Ann Shaffer (aidée d’Annie Barrows). Janvier 1946. Londres se relève des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivain anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Un roman épistolaire qui révèle l'histoire de l'île, et l'impact de l'occupation allemande sur ses habitants. Premier et dernier roman de M.A. Shaffer, décédée en 2008. Extraordinaire ! , fabuleux !, c’est l’avis de Dominique sur ce roman épistolaire, succès de librairie ignoré par la critique.

 

Dominique semble avoir été déçue par le dernier roman à succès d’Irène Frain, Les naufragés de l’île Tromelin, qu’elle juge « nul » ! Ce n’est pas un roman, mais un récit, la description du naufrage d’un bateau négrier. Le sujet est bien mais on a le sentiment d’être floué, ce n’est pas un roman comme Irène Frain sait parfois en écrire. Il faut faire la différence ! Par exemple, il n’y a pas de dialogues. Ça n’a rien à voir avec Le nabab, ou Histoire de lou.

 

Sonya a trouvé dans la petite bibliothèque d’une maison de vacances Les accomodements raisonnables de Jean-Paul Dubois. On se souvient au club de lecteurs d’avoir longuement parlé de Vous plaisanter Monsieur Tanner et de Kennedy et moi que beaucoup avaient lu et adorés. Mais Sonya est un tantinet déçue… C’était assez prévisible. On est dans le milieu du cinéma à Los Angeles. Il s’agit pour le héros de donner une « french touch » à une série TV. C’est moins bien qu’Une vie française ou Hommes entre eux, de l’avis général et celui d’Edith et .Dominique.

 

 

Sonya s’est aussi plongée dans l’intégrale des aventures de Hulk, l’incroyable monstre vert, le « colosse de jade », dessinée par Jack Kirby. Ce comics ou pulp date de 1962-63, c'est-à-dire de la guerre froide. Et c’est une bonne surprise ! Au cours d’une expérience ratée, un grand scientifique américain devient Hulk. Il est donc à la fois le sauveur des USA contre l’URSS, par ses talents de savant, et la terreur des américains, un monstre qu’on attribue parfois aux méchants soviétiques.

 

Pour Aline, Tahar Ben Jelloun est LE conteur oriental. Elle a lu aussi La femme de l’allemand de Marie Sizun. Lu par Aline, Dominique et Adrienne, ce livre raconte l’histoire d’une petite fille qui vit avec sa mère à Paris, dans l’après-guerre, et qui commence à s’interroger sur son père. On comprend alors que celui-ci était allemand. La mère bascule peu à peu dans la folie, la fille cherche à ressembler à son père, et malgré l’amour qu’elle porte à sa mère, ne peut pas faire face. La fin est étonnante. Pour Dominique, le véritable sujet du livre est le rapport fille-mère, celle-ci étant névrotique. Elle pense aussi que l’écriture est féminine. Chacun y trouve quelque chose. Adrienne l’a adoré.

 

Edith et Elisabeth ont beaucoup apprécié également Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt (la femme de Paul Auster). Dans les années 70, deux couples d’artistes partagent les rêves de liberté de l’époque, et s’installent en voisins dans le même immeuble. Le temps va bouleverser leur vie et leurs illusions par des drames.

 

C’est le côté humain de l’histoire de Barack Obama qu’Edith a aimé dans Les rêves de mon père. Ecrit il y a dix ans, raconte le voyage en Afrique de l’auteur sur les traces de son père qu’il n’a pas connu.

 

Le tigre blanc d’Aravind Adiga est un roman indien lu aussi par Edith. Un enfant misérable écrit à un ministre chinois en visite en Inde. Il lui raconte sa vie de misère, et sa vision de l’Inde, devenu chauffeur d’un nouveau riche de Delhi. C’est un regard sur la société indienne, avec humour. Une préparation au voyage.

 

Dominique, fan de Le parfum de Patrick Süskind a redécouvert cet auteur grâce à Adrienne et en lisant Le pigeon. « Un petit livre super, un bijou ». En résumé : un monsieur très psychorigide se déride grâce à un impromptu pigeon qui débarque sur son pallier. Dominique conseille aussi de lire ses nouvelles comme l’amnésie littéraire, très drôle, une merveille.

 

Dominique a relu Rosie Carpe de Marie N’Diaye. C’est poignant. Du solide. Des étincelles de merveilleux dans le quotidien, avec une très belle façon de l’intégrer.

 

Terminons avec un peu de poésie. Elisabeth a lu les très beaux Sonnets de l’amour fou de Federico Garcia Lorca.

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